Le nom de cet homme, chargé de mission auprès de l’Élysée et proche de Emmanuel Macron est aujourd’hui sur toutes les bouches et dans tous les médias. Alexandre Benalla, accusé d’avoir violemment frappé des manifestants au côté de la police, défraye la chronique. Alors que la majorité semble avoir du mal à réagir, certains parlent de scandale d’état, à l’image de Jean-Luc Mélenchon, comparant cette affaire au Watergate. Mais pourquoi cette histoire prend-elle de telles proportions ? Pourquoi les agissements« isolés » d’un homme violent entachent-ils à ce point l’image du gouvernement ? Comprendre cette affaire, c’est aussi mieux comprendre la politique en France.
Que s’est-il passé ?
Avant toute chose, il est nécessaire de rappeler les faits qui agitent aujourd’hui l’ensemble de la sphère publique, et apparaissent comme la première affaire du quinquennat Macron. Les événements se déroulent le 1er mai, journée importante de mobilisation autour de plusieurs réformes comme celle de la SNCF ou des sélections à l’université. Alexandre Benalla est alors présent parmi les forces de police à sa demande, avec le statut d’observateur :il n’est pas censé intervenir, et se trouve ici dans le cadre d’un jour de congé. La demande aurait été faite par L’Élysée pour que monsieur Benalla accède à ce statut : celui-ci est même équipé d’un équipement de police, normalement réservé aux fonctionnaires de police dans le cadre de leurs fonctions. Ors au cours d’une intervention auprès d’un « apéro militant » étudiant, le chargé de mission de l’Élysée intervient et frappe plusieurs manifestants, dont un jeune homme à terre. Des images, révélées par le journal Le Monde, montrent des scènes violentes qui mettent aujourd’hui le feu aux poudres.
Pourquoi parle-t-on de scandale d’état ?
L’affaire pourrait simplement concerner les agissementsd’un homme violent, mais prend pourtant des proportions si importantes que l’on parle aujourd’hui d’affaire d’État. Cette qualification provient du fait que le gouvernement aurait été informé des agissements violents de leur chargé de mission dès le lendemain des événements. Des sanctions sont alors mises en place, qui apparaissent pourtant minimes aux vues des faits : Alexandre Benalla est suspendu pendant 15 jours avec retenue de salaire avant d’être réintégré. Son licenciement sera engagé seulement après la révélation de l’affaire par les médias.
L’affaire prend une telle ampleur, car elle illustre un sentiment d’impunité qui se dégage du gouvernement et de son entourage : un collaborateur proche de l’Élysée peut, à loisir, se mêler aux forces de police tout en portant des signes réservés aux fonctionnaires, et se voir protéger après avoir mené des actes de violence répréhensibles. Qui plus est, des obligations légales auraient dû forcer le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, à se saisir de l’affaire, ce qui n’a pas été le cas. Cette affaire vient ajouter une couche à l’image d’un gouvernement critiqué pour sa verticalité, qui agit en toute impunité, et où les proches du président de la République jouissent d’une impunité qui semble au-dessus des lois.
L’affaire Benalla apparaît comme le point d’orgue des critiques qui se sont accumulées autour du gouvernement Macron, et nous permet de mieux appréhender et comprendre la politique en France aujourd’hui. Saisi par l’ensemble des contre-pouvoirs, le scandale semble paralyser la majorité, dont les réactions se font attendre. Si Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur doit s’exprimer aujourd’hui face à l’assemblé, le président n’a pour le moment pas prévu de s’exprimer sur cette affaire.