Ancien hôtel particulier parisien, l’Elysée renferme plus de 300 ans d’histoire, siège des événements qui ont façonné la France. Œuvre de l’architecte Armand-Claude Mollet en 1720, le palais de l’Elysée a été construit à l’origine pour le comte d’Evreux, Louis-Henri de La Tour d’Auvergne. De Napoléon Ier au général de Gaulle, en passant par madame de Pompadour et Victor Hugo, partons à la découverte de l’illustre histoire du palais de l’Elysée, d’hier à aujourd’hui !
Le prestigieux Hôtel d’Évreux, témoin du Paris du XVIIIe siècle
Au tournant du XVIIIe siècle, alors que Paris connaît un essor sans précédent, de nombreux hôtels particuliers font leur apparition dans les faubourgs de la ville. C’est ainsi qu’en 1718, Louis-Henri de La Tour d’Auvergne, comte d’Évreux, achète un terrain alors marécageux rue du Faubourg-Saint-Honoré, sous les conseils avisés du Régent. Son ambition : y ériger une demeure digne de son prestige.
L’architecte Armand-Claude Mollet est alors missionné pour concevoir un édifice principal élégant en pierre de taille, surmonté de combles brisés. Le tout est encadré au nord par une cour pavée flanquée de bâtiments utilitaires (écuries, cuisines, buanderie), et au sud par un jardin à la française particulièrement soigné. La renommée de cette demeure est telle qu’elle sera surnommée « la plus belle maison de plaisance des environs de Paris » par l’Encyclopédie. Rappelons que c’est grâce à la généreuse dot de son épouse Marie-Anne, fille de l’influent homme d’affaires Antoine Crozat dont la fortune est issue du commerce des esclaves, que le comte d’Évreux peut financer ce somptueux projet.
La mort du comte en 1753 mène à la mise aux enchères de l’hôtel, qui est alors acquis par la favorite de Louis XV, la marquise de Pompadour. Elle parachève la décoration de la demeure et réaménage le jardin, l’agrandissant vers les Champs-Élysées. Cependant, malgré la grandeur et la splendeur de l’Hôtel d’Évreux, elle n’y résidera que sporadiquement, lui préférant le cadre majestueux de Versailles.
Les somptueux jardins de l’Elysée
L’histoire du palais de l’Elysée est intimement liée à celle de ses somptueux jardins à la française, qui n’ont de cesse d’être façonnés depuis 1720. L’Élysée, alors résidence pour les ambassadeurs et les dirigeants étrangers, voit son parc redessiné en 1840 par le renommé architecte Adolphe Alphand. Depuis lors, le design du parc est resté relativement inchangé. Le palais et ses jardins deviennent la résidence officielle des chefs d’État en 1873.
Certains résidents (ou leurs conjoints) ont montré un vif intérêt pour ces jardins. C’est notamment le cas de Valéry Giscard d’Estaing, qui souhaitait retrouver dans le parc une essence royale, à l’image du Grand Siècle. Il a ainsi fait installer des broderies de buis à la française, bien que ces dernières n’étaient pas en accord avec l’esthétique originelle du jardin. Finalement, les marques de ces broderies ont été estompées avec le temps… et l’intervention des jardiniers. Une fois Giscard d’Estaing parti, ce qui ne correspondait pas à l’identité des jardins a été retiré. De nos jours, les jardins de l’Élysée s’étendent sur une superficie d’environ 1,5 hectare, et sont accessibles au public lors des Journées du Patrimoine.
L’Elysée aujourd’hui
Soucieux de préserver son riche patrimoine, des campagnes de restauration sont régulièrement entreprises, mais l’Élysée est également un écrin pour la création contemporaine. En effet, le palais renouvelle constamment sa collection d’œuvres d’art, offrant ainsi une belle vitrine à de jeunes talents artistiques. Le palais garde cependant certaines anciennes traditions comme celle du 1er mai et du muguet présenté par les forts des halles.
Cependant il a aussi fait de véritables efforts en matière d’accessibilité : le rez-de-chaussée est désormais accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à une rampe d’accès installée sur la gauche du perron. Au-delà d’être un simple palais ou un musée, l’Élysée est une demeure vivante, animée par les nombreux employés qui y travaillent et par les visiteurs qui la parcourent. Sa vocation est de représenter la France aux yeux du monde, et de mettre en valeur le savoir-faire de ceux qui l’ont construit, décoré et rénové. Il incarne également l’art de vivre à la française, notre gastronomie, et notre créativité contemporaine.