À l’ombre de l’affaire Benalla, qui mobilise actuellement la majorité de l’actualité, une autre affaire, plus discrète, pousse doucement. Déjà soupçonné d’avoir favorisé le géant français de la communication dans le voyage de Emmanuel Macron à Las Vegas lorsqu’il était ministre de l’Économie, les accointances de la ministre du Travail et du grand groupe semblent de plus en plus confirmées, notamment suite à des révélations du Canard Enchainé. Muriel Pénicaud aurait ainsi favorisé Havas une nouvelle fois, dans le cadre d’un contrat pour un campagne de communication. Une affaire qui permet de comprendre la politique en France et ses relations étroites avec les sociétés privées.
Havas, colosse de la communication française, et « Creative France »
Classé parmi les plus grands groupes de communication au monde, Havas se déploie aujourd’hui sur plus de 100 pays et emploi 20 000 personnes. Il gère ainsi de très nombreux clients, privés comme Véolia ou Vinci, mais également public, comme l’institut national du cancer, ainsi que, depuis peu, l’état et son agence « Business France ». Cette agence nationale, pour laquelle travaille Muriel Pénicaud au moment des faits, vise à promouvoir notre pays à travers le monde, notamment son entrepreneuriat et son économie. Celle-ci lance alors une de ses nouvelles campagnes de communication, nommées « Créative France », visant justement à mettre en valeur la force économique de notre territoire. C’est dans ce cadre que Muriel Pénicaud est soupçonnée de favoritisme, car la commande aurait été confiée directement à Havas sans recourir à la mise en concurrence, de la même manière que le fameux voyage à Las Vegas. Il s’agit là d’un contrat de 13,2 millions d’euros, qui aurait échappé à la concurrence et aggrave les soupçons de favoritisme qui pèsent sur la ministre.
Des échanges de mails accablants
Jusqu’à aujourd’hui, la ligne de défense de Muriel Pénicaud était un déni pur et simple de ces accusations, se basant sur des contrats déjà existants, et assurant surtout ne connaitre personne chez Havas personnellement. Or, l’épluchage des boites mail saisies chez Havas dans le cadre de l’enquête a révélé une série de messages qui laisse penser le contraire. Stéphane Fouks, vice-président de la société, aurait ainsi été en contact avec la ministre. Dans un mail échangés entre Muriel Pénicaud et sa secrétaire, la ministre déclare ainsi « J’ai un rendez-vous secret avec Fouks, cela ne doit pas figurer à mon agenda et ne doit pas se savoir ». Mais les messages échangés entre elle et Fouks sont encore plus lourds de sens : « Stéphane, appelle-moi sur mon portable, c’est urgent », « Merci Stéphane pour le coup de main »… Le ton familier laisse indiquer que les deux protagonistes se connaissent bien, très bien même puisque Muriel Pénicaud va jusqu’à solliciter le vice-président de Havas pour trouver un travail à son neveu.
Si la culpabilité de Muriel Pénicaud n’est pas encore prouvée, ces échanges constituent une preuve accablante pour la ministre. Cette affaire souligne l’importance des accointances entre politiques et sociétés privées, et porte un nouveau coup dur à la République exemplaire et transparente du président Emmanuel Macron.
Source image : Force Ouvrière sous licence Creative Commons