La reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, décidée par Donald Trump a fait entre ce conflit qui dure depuis plus de 45 ans dans une nouvelle phase. Annoncée par Trump sur Twitter, cet accord a selon beaucoup d’observateurs politiques scellé le sort de cette affaire impliquant le Maroc, le Front du Polisario et l’Algérie qui le soutient ardemment. Décryptage avec Boris Lefebvre !
Le Front du Polisario est au pied du mur
Depuis 2018, la diplomatie marocaine, dirigée par le ministre Nacer Bourita, est passée à l’offensive. Ainsi, un nombre record de consulats de pays « amis » du Maroc ont ouvert dans des villes du Sahara (Laayoune et Dakhla notamment). Également, plusieurs autres Etats dont la position était neutre ont finalement penché du côté marocain.
Mais le tournant du conflit opposant Maroc et Polisario fut le blocage de cette organisation du passage frontalier d’El Guerguerat. La communauté internationale s’est soulevée dans son ensemble contre cet acte qu’elle a estimé comme une rupture claire de l’accord du cessez-le-feu entre les deux parties (Maroc et Polisario).
Les autorités marocaines ne se sont pas contentées de dépêcher des forces militaires sur place, mais elles ont fait jouer leurs atouts politiques et diplomatiques pour obtenir le soutien le plus massif.
Des efforts couronnés de succès, puisque l’on ressent que petit à petit le front du Polisario s’isole de la communauté mondiale et de ses voisins directs que sont la Mauritanie et le Mali qui comptent énormément sur le passage d’El Guerguerat pour leurs échanges commerciaux avec Rabat.
Le soutien américain au Maroc : quelle est la contrepartie ?
Deux ans avant l’annonce de Trump, son gendre et conseiller Jared Kushner s’était déjà rendu au Maroc pour entamer des pourparlers avec le monarque marocain à propos du conflit du Proche-Orient. Mr Kushner avait un objectif clair : rapprocher les positions du Maroc et d’Israël et renforcer les efforts de normalisation entre les deux pays.
Un pari gagné en 2020 ! Effectivement, en même temps que Trump annonçait sur Twitter la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, il déclarait la normalisation imminente des rapports entre Rabat et Tel-Aviv.
Un accord que les responsables américains, marocains et israéliens ont qualifié d’historique et de grand pas vers la paix dans le Proche-Orient.
L’administration Biden peut-elle changer la donne ?
Si les autorités algériennes et du Polisario ont tenu à relativiser l’annonce de Trump, l’ouverture prochaine d’un consulat américain à Dakhla, une ville phare du Sahara marocain prouve toute la volonté politique américaine de mettre fin à ce conflit politique en penchant vers la position du Maroc. Un signe fort de l’amitié américano-marocaine.
La totalité des observateurs sont d’accord sur le fait que l’investiture de Joe Biden ne changera pas grand-chose à la donne. Au contraire, il est même prévu que le prochain président américain visite le Maroc qui sera sa troisième destination officielle !