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Patrick Bézier, directeur général d’Audiens, de 2003 à 2018, aujourd’hui Président d’Audiens Care, l’institution qui développe l’offre de soins et de prévention du Groupe Audiens, Patrick Bézier a exercé toute sa carrière au service de la culture.
A Radio France, à Radio Monte Carlo, dont il a été Directeur administratif et des ressources humaines, à la Cinq, qu’il a rejoint en 1991 comme Directeur des relations humaines, au GRISS puis à Audiens, Patrick Bézier s’est toujours investi dans les questions de management du dialogue social, en faveur du bien-être et de la santé des collaborateurs, comme de la rationalisation des organisations.
Il est co-auteur de plusieurs ouvrages et a publié « Sauver la culture, protéger pour mieux créer », en 2018, aux Editions Nevicata.
Bibliographie :
- 2018 : Sauver la Culture – Editions Nevicata
- 2018 : La mort… et après – Presses du Châtelet
- 2015 : Les coulisses de l’histoire Tome 3 – Presses du Châtelet
- 2014 : Mourir en dignité(s) – Presses du Châtelet
- 2012 : Les coulisses de l’histoire Tome 2 – Editions Jacob Duvernet
- 2010 : Deuil et vieillissement – Editions Jacob Duvernet
- 2009 : Les coulisses de l’histoire – Editions Jacob Duvernet
- 2008 : Audiens, le chemin des étoiles – Editions Jacob Duvernet
- 2007 : Deuil, histoires de famille – Editions Jacob Duvernet
- 2005 : Face au deuil – Editions Jacob Duvernet
Le texte qui suit est une retranscription d’une prise de parole publique de Patrick Bézier lors des colloques « DPA » (Dirigeants en Pays d’Avignon) organisés tous les ans, début juillet.
Question de sémantique !
Le vocabulaire politique abonde de concepts sur la « bonne » gouvernance, dont certains semblent purement rhétoriques. Il en va ainsi du marketing de l’offre politique, tant ces préceptes nous disent tous, à leur manière, ce qui serait souhaitable en matière de développement, de management ou d’organisation.
Prévoir, agir, choisir…, la sémantique est riche d’ambiguïtés qui peuvent être facteurs d’incompréhension entre le politique et le corps social.
Et de fait, l’usage de ces concepts est éminemment complexe et pluriel, tant il est lié à l’espace et au temps, comme à la diversité des acteurs en place.
Dès lors, il faut s’interroger sur le sens pratique que nous accordons à ces modèles théoriques. Comme il faut s’interroger sur les enjeux éthiques sous-jacents, qui affectent le champ des décisions et reflètent notre vision du vivre ensemble et du fonctionnement des organisations.
La problématique est d’autant plus essentielle que la période est complexe, mouvante, avec des sources et circuits d’information démultipliés, parfois incontrôlables, une économie mondialisée, une finance dématérialisée et quasi-instantanée, des peuples traversés de questions identitaires.
Cette période est également celle d’une l’immédiateté qui pourrait disqualifier le sens des mots et de l’action. Car si le digital, le big data comme Internet, est un facteur de promesse pour chaque citoyen, la promesse d’une action peut être plus personnalisée, il est aussi un lieu de catalyse, celui des émotions, voire de la désinformation et de la radicalisation.
Parallèlement, la parole politique s’est progressivement dévaluée. La confiance dans les institutions et l’Etat est en effet toujours plus dépréciée.
Parsemée de prévisions, d’hypothèses et de promesses non tenues, elle a pu générer une vague de scepticisme qui a participé au « désenchantement du monde ». Et a, d’une certaine manière, disqualifier, la célèbre maxime d’Emile de Girardin : « gouverner c’est prévoir ». Il est vrai que l’évolution de la société et l’économie globalisée ne sont pas aisément prévisibles.
Dès lors, certains privilégient cet adage : « gouverner, c’est agir ». Agir, c’est gouverner avec les instruments de son époque. Peut-être est-il désormais plus efficace de se concentrer sur la situation actuelle et les marges de manœuvres disponibles.
Mais encore faudrait-il que l’action ne soit pas que pur pragmatisme, voire opportunisme. Car « agir » ne dédouane en aucun cas de réfléchir sur la direction que l’on veut prendre. Dès lors, il ne s’agit plus de « prévisions » mais de projets qui inscrivent l’action dans la constance, la régularité et la clarté. Par clarté, nous appelons une éthique de la gouvernance, fondée notamment sur la transparence. Car agit, c’est aussi partager, c’est relégitimer le politique à travers les vertus du dialogue et de la transmission, à travers les qualités des relations sociales…
A cet égard, le modèle de gouvernance qui préside aux destinées d’Audiens semble exemplaire. Le paritarisme y est fondé sur un dialogue apaisé, la recherche de l’intérêt général, une dimension non lucrative, l’exigence, enfin, d’un engagement sur le long terme. Un engagement détaché des contingences du capital et du centralisme de la prise de décision.
Le pilotage d’Audiens est en effet exercé par les partenaires sociaux représentants des employeurs et des salariés. En ce sens, il constitue une garantie forte pour la qualité de la gestion, le pilotage de l’activité, la recherche de gains de productivité et du juste équilibre entre prestations et tarifs négociés.
Il est aussi un lieu de progrès social et d’innovation assurantielle. En la matière, le monde de la culture est exemplaire. Car la protection sociale des Intermittents du spectacle, ou des journalistes rémunérés à la pige, pour ne citer que ces exemples, s’est construite sur la qualité du dialogue et sur la solidarité. Ces édifices ont évolué au gré des mutations socio-économiques ayant bouleversé l’écosystème culturel, pour aboutir à la mise en place de régimes parfaitement adaptés aux conditions d’exercice et spécificités des professionnels concernés.
Au point d’avoir parfois été désignée comme un potentiel modèle, pouvant inspirer une réforme que l’évolution du marché du travail rend nécessaire à l’ère numérique.
On pourra rétorquer que le mode de gouvernance et l’action, dans un groupe tel qu’Audiens, sont singuliers. C’est vrai. Cette singularité est consubstantielle à son identité professionnelle. Celle-ci est au strict service de ceux qui défendent la richesse et la diversité de la culture. Cette construction originale est respectueuse des spécificités de la profession, à la genèse d’une offre de services complète, plaçant toujours l’humain au cœur de son projet.
Elle s’est construite avec les partenaires sociaux, dont près de 210 sont actuellement administrateurs au sein des institutions du groupe. Et toujours en lien avec des pouvoirs publics qui ont su reconnaître sa légitimité et son expertise exclusive.
L’action, au sein d’un groupe de protection sociale comme Audiens, met en scène des valeurs communes constitutives du contrat social : justice, égalité, sécurité, solidarité, éthique… En externe comme en interne, car le bien-être des collaborateurs et le progrès social sont constitutifs de la stratégie RH du groupe, en vue de libérer les énergies et améliorer la productivité : Audiens, ce sont ainsi près de 50 accords d’entreprise, sur le travail à distance, la GPEC, la santé…
De par son caractère paritaire, l’action d’Audiens s’investit d’une réelle modernité. Et comme « gouverner », c’est aussi « déplaire », la solidarité professionnelle a pu être accusée d’être le cheval de Troie d’on ne sait quel corporatisme. Pourtant, dans un monde en manque de repères, cherchant à réinventer l’action publique et le lien social, un monde où la désintermédiation économique bouleverse les fondements mêmes du marché du travail, elle reste une valeur durable. Il convient de la défendre.