Les négociations post-Brexit débuteront le mois prochain entre Londres et Bruxelles pour régler les futures relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. On parle d’un chantier politique gigantesque qui couvre des dizaines de sujets, du commerce des biens et services à la pêche et à l’agriculture, en passant par l’environnement, l’emploi, le partage de données, la coopération en matière de sécurité, les transports, etc. Le point sur la question avec le passionné de politique Boris Lefebvre.
Qu’attend le Royaume-Uni de l’Union Européenne ?
La position de négociation officielle du gouvernement britannique, qui a été publiée intégralement le jeudi 27 février 2020, se fonde sur plusieurs discours et déclarations des responsables du gouvernement du pays. Boris Johnson, le Premier ministre anglais, vise un arrangement radicalement différent de celui recherché par son prédécesseur. Alors que Theresa May était prête à maintenir le Royaume-Uni sur l’orbite de l’UE pour préserver un climat de commerce favorable, son successeur voudrait plutôt garantir une liberté maximale pour le Royaume-Uni pour déterminer sa propre politique à ce niveau.
Le Royaume-Uni veut un accord de libre-échange complet, semblable aux accords conclus par Bruxelles avec des pays comme le Canada, le Japon et la Corée du Sud. Ces accords suppriment la plupart des tarifs et les pays ne sont pas obligés de s’en tenir étroitement aux règles de l’UE. Cet accord devrait en outre couvrir la quasi-totalité du commerce, pas seulement les marchandises. Il devrait également réduire au minimum les obstacles aux services, qui sont le point fort de l’économie britannique.
Au-delà du commerce, le Royaume-Uni envisage une série d’accords distincts couvrant la pêche, la sécurité et d’autres domaines tels que l’aviation et la coopération nucléaire. Le gouvernement Johnson a l’intention de développer des « politiques séparées et indépendantes » dans des domaines tels que l’immigration, la concurrence, l’environnement, la politique sociale et la protection des données.
En ce qui concerne la surveillance, le Royaume-Uni prévoit des accords de gouvernance et de règlement des différends appropriés à une relation d’égaux souverains. Par ailleurs, la Grande-Bretagne a exclu de prolonger la période de transition, et dit qu’elle n’est pas prête à accepter un accord à la fin de l’année, ce qui veut dire que le Royaume-Uni et l’UE devront commercer aux conditions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Post-Brexit : ce que l’UE est prête à accepter
Les ministres de l’Union des 27 ont approuvé le mandat de négociation de l’UE mardi 25 février. Tout en souhaitant « avoir un partenariat aussi étroit que possible » avec le Royaume-Uni, l’UE souligne également que la Grande-Bretagne « ne peut pas avoir les mêmes droits et bénéficier des mêmes avantages qu’un pays membre ».
Bruxelles décrit le partenariat envisagé comme ambitieux, couvrant le commerce mais également d’autres domaines, notamment la pêche, l’application des lois et la justice pénale, la politique étrangère, la sécurité et la défense. La première des préoccupations de l’UE est de savoir comment garantir que le Royaume-Uni s’engage à des règles du jeu équitables sur un large éventail de questions. Les lignes directrices appellent à des garanties « robustes » pour garantir que la concurrence est équitable et les normes protégées.
Par ailleurs, Bruxelles offre au Royaume-Uni un accès complet au marché unique de l’UE (un accès sous conditions). La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que pour obtenir des droits de douane et des quotas nuls, le Royaume-Uni devra s’engager dans une politique de « zéro dumping ». L’UE affirme, en outre, qu’un nouvel organe directeur devrait superviser le partenariat, en respectant l’autonomie des ordres juridiques des deux parties. Les décisions peuvent être renvoyées à un groupe d’arbitrage indépendant dont les décisions seront contraignantes.