La ZAD, acronyme de « zone à défendre » est une zone qui a été longuement occupée par des militants protestants contre l’installation d’un aéroport à Notre-Dame-des-landes, un bocage fragile écologiquement que l’installation serait venue détruire. Après des années de délibération, d’affrontement et d’absence de réelle prise de décision, le gouvernement Philipe a donné son verdict : l’aéroport ne sera pas construit. Une victoire pour les zadistes, qui ont en revanche été sommés de se retirer du lieu qu’ils occupent depuis maintenant des années. Or, tous les habitants de la ZAD, qui se font nommer les « Camilles » ne l’entendent pas de cette oreille et souhaitent continuer à occuper ces terres. Le gouvernement a donc lancé des opérations d’expulsion des forces de l’ordre pour évacuer la zone, qui est désormais le théâtre de nombreux affrontements. Retour sur cette situation épineuse pour mieux comprendre les raisons politiques de ces désaccords en France.

Pourquoi les zadistes refusent-ils de quitter la zone ?

On pourrait légitimement penser qu’avec l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-landes, les « Camilles » et la ZAD n’auraient plus aucune raison d’être et que, par conséquent, la zone serait abandonnée. Or, si les militants ont libéré la « route des chicanes », une départementale longtemps bloquée en signe de protestation, la ZAD et ses nombreuses structures sont en revanche restées en place, et si certains sont partis, la majorité est restée. Mais pourquoi ? Tout simplement parce que pendant les nombreuses années d’occupation de la zone, beaucoup de personnes ont constitué ici leur vie, et qu’une véritable communauté alternative s’est établie sur le site. Épiceries, brasseries, boulangeries, exploitations agricoles sont autant de commerces qui se dressent dans cet étrange village, lieu d’expérimentation sociale qui se revendique comme une utopie dont les habitants s’autogouvernent et fonctionnent sur des principes d’échange et d’hospitalité. C’est donc ce modèle de vie, cette « façon d’habiter politique » que défendent aujourd’hui les zadistes, comme on défendrait un symbole.

Pourquoi les zadistes sont-ils évacués ?

On pourrait donc se demander pourquoi cette obstination à expulser les zadistes. Celle-ci s’explique tout d’abord par l’illégalité de l’occupation menée par les militants. Ceux-ci ne disposent pas des droits à s’installer sur ces terres et sont donc ce que l’on appelle communément des « squatteurs ». Si certains ont déposé des projets d’exploitation agricole afin de régulariser leur situation, ce n’est pas le cas de tous les « Camilles ». Le gouvernement souhaite donc mettre fin à cette situation illégale, qualifiée de zone de « non-droit ». Qui plus est, certains riverains, excédés, ne supportent plus la situation, et parlent de lieu sali, de dégradation et de vandalisme, à l’inverse de ce que la ZAD souhaite défendre. Ils regrettent également de ne plus pouvoir accéder à certaines parties de la région, et se plaignent des routes bloquées et de la pollution engendrée par la communauté alternative.

Outre des affrontements légaux, c’est aussi un affrontement des idées qui se joue à Notre-Dame-Des-Landes. D’un côté, certains portent le projet d’une autre façon de vivre, mais de l’autre, la loi et les droits de certains riverains prévalent et ne peuvent justifier une occupation contraire à la loi. Les affrontements ont encore lieu actuellement, et l’affaire reste donc à suivre quant au destin des « Camilles ».

 

Source vidéo : chaîne FRANCE 24 et chaîne France Culture

Source image : Non à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes – Flickr sous licence Creative Commons